samedi 1 juillet 2017

Le pays




En 1961, René Lévesque survole le territoire en direction de Fort Chimo. Il est ministre des Affaires hydrauliques du Québec. Il voit des arbres, de la roche et des lacs. Il ne voit donc rien.

À l’époque, des arbres, des roches et des lacs, ce n’était rien. Il demande à Louis-Edmond Hamelin ce qu'il y a en bas.

En 1970, Robert Bourassa contemple les arbres et les cours d'eau de la Baie James. Seuls les cours d’eau l’intéressent, des barrages hydroélectriques et des milliers de milles de fils et de pylônes pour alimenter le Sud en électricité.

Louis-Edmond Hamelin est géographe. Il a inventé le mot Nordicité. Ce mot définit le Québec comme un pays nordique, le Nord et le Sud, et non le Nord pour le Sud, comme dans la Baie James pour le Sud, la Manicouagan pour le Sud, ou encore le Plan Nord pour le Sud.

La nordicité, ce sont aussi les Premières nations, les Inuit et les Européens, partageant un même grand territoire. Le géographe énonce la définition la plus éclairée du pays.

Le pays est un espace physique et mental émergeant du territoire, de son climat et de ses gens.



Il y a toujours une difficulté à être un ainé. Les jeunes arrivent après toi et font les choses à leur manière, sans égard à ce qui a été fait avant eux. Comme s'ils avaient tout inventé.

Ce sont les Européens tassant les Premières nations.

Ce sont les Britanniques de 1760, disant aux Français nous allons vous montrer comment ça marche.

C'est John A. McDonald, qui décide au nom du Canada de tuer l'Indien dans l'enfant. Nous avons de beaux pensionnats.

Ce sont les curés traitant les autochtones de sauvages.

C’est la GRC qui tue les bisons pour affamer les autochtones. Vous allez faire ce qu’on vous dit.

C’est la GRC qui tue les chiens des Inuit pour les sédentariser. Vous allez faire ce qu’on vous dit.

Ce sont ces milliers de femmes autochtones disparues.

C'est l’histoire du Canada racontée par l’anglophone CBC, mettant en vedette des Français pouilleux névrosés.

C'est Justin Trudeau, endossant la série de l’anglophone CBC, tartinant dans un selfie de trois minutes toute son ignorance de l'histoire du pays. L’ignorance est le mépris de la connaissance et des ainés.

Lorsque Louis-Edmond Hamelin a rencontré les gens des Premières nations, il a fait ce qu’aucun gouvernement n’avait fait avant lui. Il s'est assis. Il les a écoutés. Il a appris leur langue. Il a inventé près de 400 mots liés à la nordicité. Il a écrit.

On ne peut reprocher à René Lévesque d'avoir manqué de vision. Il lui manquait pourtant celle-là, la vision de l'ainé.

Fort Chimo est devenu Kuujjuaq.

Les Premières nations sont plus présentes dans nos vies.

Nordicité est un mot reconnu dans le monde et dans le dictionnaire. L'ignorance faite connaissance.

La parole gagne sur le silence. Je ne crois pas qu'un policier abusera d'une autochtone à Val d'Or, ce soir.

La colonisation n'est pas terminée, dit le géographe Hamelin. Dans la colonisation, l'autochtone n'existe pas.

La colonisation, c’est la CBC, Justin Trudeau, c’est Philippe Couillard et nous. Des gens qui ne savent pas ce que veut dire échanger de nation à nation. Ils ne demanderont évidemment pas à Bernard Landry.

Les québécois sont-ils devenus quelque chose comme un grand peuple ?

Entre les arbres, la roche et les lacs, souffle le regard millénaire de nos ainés. Une vision du monde. Notre mémoire.

Une famille sans ainé n'est pas une famille.





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