mardi 18 juillet 2017

Un bin bon livre





Histoire des Américains, de Daniel Boorstin. Je le lis au compte-gouttes.

À chaque page, Boorstin ajoute une fine couche à ce qui deviendra un immense portrait.

L'histoire est assez simple. Comme le disait Richard Desjardins, en introduction du documentaire L’erreur boréale, allons-y doucement.

L'ouvrage est divisé en 3 sections.
Chaque section est divisée en livres, 10 en tout.
Les livres sont divisés en parties, 31 en tout.
Les parties sont divisées en chapitres, 167 en tout.

Le récit couvre 1550 pages, une moyenne de 9 pages par chapitre. La courte longueur de chaque chapitre donne le rythme. C’est comme si nous entrions dans une immense histoire par de toutes petites fenêtres.

Avec une structure aussi précise, Boorstin montre sa parfaite maitrise du sujet et le souci du travail bien fait. J’ajouterais le respect du lecteur et la pérennité de l’ouvrage.

La structure raconte l’histoire par son non-dit. Elle constitue le premier récit silencieux. Au début, l’auteur ne dit pas Vous avez vu ma belle structure ? À la fin, le lecteur ne se dit pas Quelle belle structure !

C’est pourtant là que tout se passe. Une fois la structure bien campée, les contenus coulent.

Chaque chapitre fait penser à une lampée, lorsque minou fait monter du lait dans sa bouche avec sa langue. En bandes dessinées, l’onomatopée de la lampée est Slurp!

Un chapitre de l'Histoire des Américains de Boorstin passe comme une lampée de lait dans un minou.

Si on m'offrait de boire une vache d'un trait, je trouverais l'histoire un peu grosse.

Si on m’offrait la vache par petites lampées, cela me ferait porter attention au lait de chaque gorgée. En passant, lampée, gorgée et goulée sont très proches parents (merci Usito). Bref, j'aurais ainsi l'impression de connaître la vache de près.

Avec de courts chapitres, Boorstin nous fait rencontrer les Américains par le menu, avec une cuillère à pot. La louche n’est pas louche, elle va au fond des choses.

J’ai compris le génie du couturier Yves St-Laurent en observant le détail du col d’une veste, dans une exposition.

La méthode de Boorstin est identique. De toutes petites fenêtres. Yves St-Laurent coud de courts chapitres. Daniel Boorstin raconte en couturier.

Le ton de Boorstin, ce sont des mots simples, très précis, tirés d'une quantité phénoménale d'écrits des premiers américains. 1550 pages écrites en petits caractères sur du papier oignon, mince, mince, mince. Tu lis 100 pages, le signet bouge à peine.

Le ton s'adresse aux yeux, le rythme, aux oreilles. Les deux font la manière, celle qui touche les sens. Vous arrivez à la fin du livre en disant maudit que c’était bon.

Tout est dans la manière. Vous connaissez maintenant l’histoire de Daniel Boorstin.




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