L’explorateur se tient à la proue du navire.
Il précède tout. Le premier à humer l’air, le premier à
découvrir l’horizon.
Son bateau est derrière lui, son équipage aussi. Ses
cheveux tirés vers l’arrière cherchent à suivre. I am the king of the world, dit le héros de 1492. Il n’a pas vu le film Titanic.
Le propre de l’explorateur est d’être le premier. Son
roi lui a donné le mandat de trouver une route vers les Indes.
Lorsque Christophe Colomb a débarqué sur une plage des
Caraïbes, il était aussi poussé par son passé. Il a fait comprendre à
l’indigène qu’il était le nouveau patron.
Le rôle de l’européen dans le monde est d’imposer aux
autres son mode de vie. Cela s’appelle la Doctrine de la découverte. En termes
familiers, mon père est plus fort que le tien.
Colomb a sorti de ses valises son héritage européen,
incluant les bactéries.
Le monsieur indigène avait des millénaires de
connaissances à lui offrir, des arbres et des rivières et de tout le continent,
transmises par des générations de femmes et d’hommes.
Colomb voulait les arbres et les richesses, mais sans
ces Indiens. Ils sont pauvres, sales et de trop.
Son bateau était le prolongement de l’Espagne et lui,
le capitaine du prolongement. Il était là pour imposer son passé.
Dans Two
Families, l’auteur Cri Harold Johnson écrit les européens n’ont rien
découvert, nous n’étions pas perdus. Colomb ne lisait pas l’anglais.
Je recommande Two
Families à tous les sous-ministres.
Christophe Colomb est un trouveur, pas un découvreur.
Il cherchait une route, il a trouvé un continent.
Un trouveur voit dans sa trouvaille ce qu’elle apportera
aux siens.
Stephen Hawking est un explorateur de l’infini, sans
jamais quitter son fauteuil roulant. Il a projeté son imagination aux confins
de l’univers, le premier à s’assoir au bord d’un trou noir. Il y a vu de
l’évaporation.
Il s’est demandé comment transmettre le magnifique au
plus grand nombre.
Un découvreur voit ce que sa découverte apportera à l’humanité.
Si Hawking avait trouvé l’Amérique, il l’aurait
découverte.
Lorsqu’il est assis près d’un trou noir, il n’a ni
fauteuil roulant ni ordinateur. Sa voix voyage dans l’espace sans poids.
Lorsque Bobinette préparait un pétard à la farine pour
son grand frère Bobino, elle nous faisait signe. Nous approchions de l’écran et
elle nous confiait son secret.
Bobinette nous a fait découvrir l’excitation de la surprise.
Cette semaine, un sous-ministre de Québec a mis en
doute la vision scientifique du savoir autochtone, en ce qui a trait à des
questions environnementales. Mauvaise idée.
Les communautés des Premières nations n’étaient pas
contentes, des millénaires de connaissances, d’arbres et de rivières.
Le monsieur sous-ministre n’a pas découvert l’Amérique.
Un autre Colomb.