Alexandre Bissonnette s’approche de la mosquée de
Québec. Il dépose son étui de guitare et en sort une arme.
Dans l’escalier menant à l’entrée, il tire deux
hommes.
Il entre dans la mosquée et vide un chargeur.
Quatre fois, il retournera dans l’entrée pour charger
son arme.
Quatre fois, il ira le vider sur les fidèles de la
mosquée. Quarante-huit balles.
Lorsqu’un homme tentera de lui barrer la route, une
balle le rendra infirme pour le reste de ses jours.
Les images que vous venez de voir ont été interdites
de diffusion par les médias. Une décision du juge François Huot, de la Cour
supérieure du Québec.
Elles ont été filmées par les caméras de la mosquée et
répétées et commentées et en boucle et en long et en large et à chaque heure, par
des journalistes et commentateurs.
Une histoire est formée de mots. Chacun porte autant d’images
que de lecteurs. Dinosaure.
Il y a quelques années, je roule en ville. À la radio
de Radio-Canada, un témoin raconte avoir vu un enfant marcher sur un trottoir.
C’était durant le génocide du Rwanda.
L’enfant se tenait la tête à deux mains. Il cherchait
à empêcher le cerveau de sortir. Son crâne avait été ouvert par un coup de
machette.
Voulez-vous voir les images?
Je me suis stationné près du trottoir, retrouver mon
souffle.
Ce camion qui a tué 84 personnes à Nice, avez-vous besoin
d’une télé?
À elles seules, Radio-Canada et RDI ont diffusé onze
heures d’émissions spéciales durant les sept heures suivant l’annonce de
l’attentat.
Onze heures à taper sur la même image.
Les images de la mosquée de Québec sont les mêmes que celles du Bataclan et de Charlie Hebdo.
Charlie Hebdo, douze personnes fusillées à bout
portant.
Le Bataclan, cent trente.
La mosquée de Québec, six.
Des gens se font tirer autour d’une table, d’une scène
ou d’une prière.
Le juge Huot a interdit la diffusion des images de la tuerie
de la mosquée de Québec.
Depuis, je n’ai rien vu.
Je suis venu. J'ai lu. J'ai vu.
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